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Ça veut dire quoi, manger ses émotions ?

par | Jan 25, 2024 | Blog, Santé | 0 commentaires

Bonjour à toutes, j’espère que vous allez bien. Je suis ravie de vous retrouver dans cet article. Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec vous une réflexion que je me suis faite il y a quelques semaines. J’aime bien aborder des sujets un peu clivants en ce moment, ne me demandez pas pourquoi ! Parfois, je suis dans mon humeur où j’ai un peu envie de déranger pour peut-être vous ouvrir à une autre vision de la nutrition. Dans cet article, j’avais envie de vous parler de cette fameuse phrase que l’on entend partout qui dit “le problème, c’est que tu manges tes émotions”.

Comme je vous en parlais dans un de mes derniers articles, je suis absolument pour écouter son corps. Et je vous parlais justement de ce qu’est l’alimentation intuitive et de ce que cela n’est pas, puisqu’on croit souvent que manger intuitivement, c’est manger ce qu’on veut quand on veut. Or, ce n’est pas tout à fait vrai ! Si le sujet vous intéresse, vous pouvez consulter l’article en question ici. Je me fais un peu l’avocat du diable aujourd’hui, mais je le fais volontairement parce que je trouve que cette expression de “manger ses émotions” est en vogue en ce moment, qu’elle est utilisée à tort et à travers, et qu’elle peut aboutir à de la culpabilité, à des croyances erronées qu’il ne faut jamais succomber à ses émotions et à une soif de perfectionnisme qui ne vous rendra pas heureuse.

En ce moment, comme j’aime bien remettre les pendules à l’heure et vous apporter un point de vue plus nuancé sur ces notions où beaucoup de personnes prétendent détenir la vérité absolue, je me suis dit que cela ferait un parfait article de blog ! J’espère que ce sujet vous plaira. C’est parti…

Un terme libérateur… du moins, au début.

Pour commencer, le jour où j’ai entendu parler de cette expression “manger ses émotions”, je dois avouer que cela m’a libérée d’un poids à l’intérieur de moi. Parce que cela mettait enfin des mots sur ce que je ressentais et que je ne parvenais pas à verbaliser. Vous le savez, j’ai vécu 12 ans d’anorexie et de boulimie, j’en ai fait ma force de vivre aujourd’hui et mon cheval de bataille en vous accompagnant dans la guérison de ces troubles alimentaires avec mon programme T.C.A – Transforme tes Croyances en Armes®. Mais, à une époque, j’ai moi aussi été complètement victime de mon alimentation et de mes émotions. J’avais un besoin irrépressible de contrôler ce que je mangeais, la moindre calorie que j’avalais. Je me pesais 4 fois par jour, je faisais des abdos dans ma chambre le matin, j’étais littéralement obsédée par l’idée d’être mince pour être aimée. Et comme, dans ma réalité, je subissais un sentiment de rejet, ne pas manger était ma façon de répondre à ce sentiment. Au resto, je regardais le menu 2 semaines à l’avance pour voir ce que j’allais pouvoir manger, ma famille devait appeler le restaurant pour savoir s’ils avaient des options que j’accepterais de manger, c’était terrible comme situation !

En contrepartie, j’avais ces crises de boulimie qui venaient tenter de remplir ce vide intérieur que je ressentais. Vous savez, cette fameuse sensation de vide que l’on ressent et qu’on cherche désespérément à combler… en vain. Mes crises de boulimie montraient encore une fois ce rejet, mais cette fois-ci le rejet de moi-même, et venaient aussi compenser l’absence de nourriture dont mon corps avait pourtant besoin. Donc je me situais dans un espèce de paradoxe entre un besoin de contrôle qui répondait à des blessures non résolues en moi, et des épisodes de craquage total parce que je cherchais à combler mon vide. On reparlera de ce vide un peu plus tard car j’ai une vision bien particulière du vide et qui pourrait – je pense – vous aider à mieux le vivre.

Tout cela pour dire que ce terme m’a permis de verbaliser mes ressentis et cela m’a fait beaucoup de bien. Et pour le constater avec les personnes que j’accompagne, il n’y en a pas une qui ne m’a pas dit un jour :

“C’est exactement ce que je ressens, merci !”

Je trouve cela essentiel de mettre des mots, dans un premier temps, sur ce rapport émotionnel que vous entretenez avec l’alimentation.

Mais il faut ensuite bien le comprendre. Tout d’abord, manger et ressentir des émotions sont deux faits inhérents à la nature humaine. Il n’y a pas un humain sur Terre qui puisse survivre sans manger et qui soit sans émotion ! On ne peut tout simplement pas vivre sans. Le problème, c’est de croire que c’est un problème. On pense qu’on ne devrait pas manger ceci ou cela. On culpabilise de craquer sur un bout de chocolat, on a peur de ressentir notre tristesse ou notre chagrin donc on va manger pour la camoufler, du moins temporairement…

Vous voyez là que ce n’est ni l’acte de manger, ni le fait de vivre une émotion qui est en cause. C’est le fait que vous les ayez rendus indissociables l’un de l’autre ! Si vous zoomez d’un peu plus près, vous vous rendez bien compte que manger un bon repas en compagnie d’une personne que vous aimez tout en refaisant le monde, c’est plutôt agréable ! Quand votre meilleure amie vous fait une surprise, quand vous recevez une attention délicate d’un collègue, quand votre chéri vous fait un câlin, quand vous partez en vacances… vous ressentez des émotions fortes, et celles-ci sont positives ! Pourtant, quand on est atteinte d’un rapport conflictuel avec l’alimentation, bizarrement, c’est comme si manger et ressentir une émotion agréable devenaient incompatibles. Pourquoi ? Parce que la nourriture est devenue la réponse de premier choix à une émotion désagréable ! Autrement dit, pour vous, ressentir une émotion inconfortable = manger. Donc forcément, de ce point de vue, manger n’a plus rien de réjouissant !

Et c’est justement cela, manger ses émotions. C’est quand, au quotidien, vous subissez un comportement alimentaire que vous savez “pas normal” tandis qu’il répond à une blessure émotionnelle non résolue.

Maintenant, tout le monde mange par émotion, ne vous leurrez pas !

Et c’est ici qu’il ne faut pas faire l’amalgame. Je vais vous donner mon propre exemple, ce sera plus parlant. Quand je me sens bien, j’adore cuisiner, j’adore manger. Je me sens inspirée dans la vie, j’ai envie de créer des projets, j’ai plein d’idées de recettes en tête, etc. Quand je me sens triste ou blessée, je perds l’appétit, je ne mange quasi plus, je n’ai plus envie de rien globalement. Mes projets sont à l’arrêt, je n’ai plus de motivation à avancer, je me remets en question, etc. Quand une personne me manque, j’ai drôlement envie de manger un aliment que je sais qu’elle aime… même si ce n’est pas un truc que j’aime spécialement à la base ! Si je vous donne ces exemples-là, c’est pour vous montrer que notre alimentation – quoi qu’on en dise – est régie par nos émotions.

C’est précisément sur ce point que j’ai envie d’apporter une nuance qui fait toute la différence selon moi : manger intuitivement, dans l’écoute de son corps, sans qu’aucune émotion n’affecte à un moment notre comportement alimentaire, c’est impossible. Tout simplement parce qu’on est des humains et que, par définition, nous sommes des êtres émotionnels ! Une émotion, c’est de l’énergie, une énergie qui descend dans le corps et vous pousse à certaines actions. Émotion = action. Chacune de nos actions découle d’une émotion qu’on a précédemment ressentie, et l’acte de manger n’échappe pas à cette règle.

Quand je parle de “manger ses émotions”, je parle notamment de ces personnes qui ont refusé d’accepter cela et qui se retrouvent donc en train de subir un comportement émotionnel vis-à-vis de l’alimentation.

Pour faire face à cela en douceur, je vous ai donc énuméré les 3 points qui vont pouvoir vous aider à d’une part regarder vos émotions en face, à les appréhender autrement, et d’autre part à accepter de les vivre pleinement pour arrêter de manger vos émotions.

Point n°1 : Accepter de vous laisser traverser par vos émotions

Même si elles impactent votre alimentation, acceptez de vivre vos émotions douloureuses. Je vois trop de gens qui culpabilisent parce qu’on leur dit “tu manges tes émotions, tu es malade, va voir quelqu’un !” alors qu’ils ont précisément besoin de les vivre pour les dépasser.

Paradoxalement, plus vous refusez de vous laisser traverser par votre émotion, plus vous êtes susceptible de manger vos émotions par la suite ! Parce que l’émotion, si vous ne la laissez pas s’exprimer, elle le fera d’elle-même autrement, et d’une manière qui ne vous fera pas nécessairement plaisir. L’injonction à écouter ses besoins peu importe les circonstances, cela ne me parle pas. Je pense qu’il s’agit en revanche d’acquérir un peu de sagesse et d’accepter cette part de soi pour se libérer de la torture psychologique qu’on s’inflige soi-même.

Ne culpabilisez pas de ne pas vous écouter à chaque fois. Conscientisez simplement que c’est normal, que tout le monde – à son échelle – mange ses émotions, qu’il ne s’agit à aucun moment d’être parfaite et que seul le rejet de cette part de vous vous empêche de vous libérer de la culpabilité.

Point n°2 : Avoir en tête les signaux d’alarme d’un trouble alimentaire

  • Si l’acte de manger vous fait souffrir ;
  • Si vous tentez de camoufler certaines blessures en mangeant ;
  • Si votre alimentation ne soutient continuellement pas votre santé ;
  • Si manger est devenu anxiogène pour vous ;
  • Si l’acte de manger répond trop souvent à un besoin d’ordre affectif ;
  • Si l’acte de manger vous prive de passer des moments de qualité.

Dans ces cas-là, interrogez-vous sur votre rapport à l’alimentation et faites-vous accompagner. Ce sont clairement des signaux d’alarme de la présence d’un trouble alimentaire.

Plus tôt vous entamez votre prise en charge, meilleures sont les chances de guérison rapide et les séquelles seront possiblement beaucoup moins importantes. Cela ne veut toutefois pas dire qu’il est impossible de s’en sortir si cela fait 20 ans que vous souffrez de troubles alimentaires ! J’ai accompagné plusieurs femmes qui étaient là-dedans depuis des années et qui vont beaucoup mieux aujourd’hui, tout en continuant leur chemin.

Le tout, c’est d’avoir conscience que votre alimentation n’est pas normale et ne contribue pas à votre bien-être et votre bonheur et d’accepter de vous faire accompagner, même si cela peut être long dans certains cas. Je dis souvent à mes patientes lorsqu’elles traversent des périodes un peu “down” (cela fait partie du processus et cela arrive à tout le monde, c’est normal, je vous rassure…) que je préfère les voir h24 7j/7 pendant 1 mois intense (même si, encore une fois, c’est un investissement, je le reconnais) plutôt que de se retrouver 20 ans plus tard à se traîner toujours les mêmes problèmes, à ne pas s’aimer, à ne pas vivre heureuse, à gaspiller de l’argent dans des courses qui finiront à la poubelle ou dans les toilettes, et à suivre des thérapies low cost parce qu’on n’est pas prête à investir sur soi-même.

Je vous assure que cela vaut 1000 fois le sacrifice de se dire “je vais tout donner pendant 1 mois, je mets toutes les chances de mon côté et j’apprends chaque jour de ma vie à découvrir qui je suis et à m’aimer ainsi”. Cela vaut 1000 fois le sacrifice de s’investir pendant 1 mois et de concrétiser des vrais changements pour la suite !

À nouveau, c’est ce que je vous propose au sein de mon programme T.C.A qui dure exactement 28 jours. Bien sûr, il est évident que vos troubles alimentaires ne se seront pas volatilisés au bout d’1 mois comme par magie et je n’ai aucune prétention de vous promettre cela. En revanche, ce que je vous propose dans ce programme, c’est d’ouvrir la porte et de vous donner cette chance. Comme je vous le disais dans mon dernier article, il faut du temps à l’intégration pour se faire correctement jusqu’à ce que vos nouveaux mécanismes deviennent compétences inconscientes. Cette intégration, on l’amorce ensemble dans le programme mais elle va se prolonger par la suite. C’est le chemin de votre vie, en fait.

Mais si vous n’avez pas eu certaines prises de conscience avant, si vous n’avez pas déconstruit certains schémas, si vous n’avez pas entrepris certains changements, si aucun déclic ne s’est opéré avant, l’intégration ne peut pas se faire. Et c’est ce que je vous invite à suivre dans le programme : ouvrir la porte à certaines réalisations, changer concrètement des schémas de votre quotidien, bouleverser vos croyances, laisser émerger des déclics, vous faire confiance, faire valoir qui vous êtes pour in fine n’avoir pas d’autre envie que de vous aimer et respecter votre corps. Ça, c’est l’idée du programme et ce vers quoi je vous amène. Je vous accompagne aussi vers cette intégration pour que vous en sortiez autonome et que vous n’ayez plus besoin de passer de thérapies en thérapies dans l’espoir d’avoir d’autres déclics.

Point n°3 : Appréhender le vide intérieur autrement

Je trouve qu’aujourd’hui, on a une vision du vide intérieur très péjorative. J’ai une vision du vide toute autre, j’en ai parlé à plusieurs reprises en newsletter, j’en parle aussi aux personnes que j’accompagne, forcément.

Ma vision est que le vide est inconfortable, c’est vrai, mais quelque part, tout le monde le ressent. Le vide fait partie inhérente de notre vie, tout être humain le ressent. Quand on réalise déjà cela, on se dit qu’on est un peu plus normal que ce qu’on croit. Nous vivons dans un monde duel, un monde de dualité. C’est normal de sentir une part de nous absente, un certain manque, puisque c’est propre à la dualité qu’on expérimente sur Terre : la présence et l’absence. On n’a jamais l’un sans l’autre.

Ce que je vous propose de faire, c’est d’apprivoiser ce vide, d’essayer de voir ce qu’il a à vous dire. Ce qui nous rend malheureux, ce n’est pas de ressentir le vide, c’est de systématiquement chercher à le combler tout en sachant que rien ne sera jamais assez pour remplir ce manque de soi.

Plutôt que de dévorer une plaquette de chocolat, un sachet de bonbons ou une boîte de gâteaux, de fumer un paquet de cigarettes, de boire trop d’alcool, de passer votre journée devant des jeux vidéo, de jouer tous les soirs au Casino et de renforcer vos addictions – parce que toutes ces addictions que j’extrapole peut-être pour certaines d’entre vous, mais je vous assure que c’est une réalité inavouable pour de nombreuses personnes -, comprenez déjà que vos addictions ne cherchent qu’à vous éloigner de cette sensation de vide. Elles ne pourront jamais l’enlever, mais disons que temporairement, elles vous aident à un peu moins le ressentir. C’est pour cela que c’est agréable et addictif !

Je regardais il y a quelques jours une vidéo de Franck Lopvet sur YouTube dans laquelle il parlait du vide comme le canal de communication entre nous et notre Moi intérieur. Il parlait notamment de cette notion de manque et disait quelque chose du style : “Rien ni personne ne peut vous manquer si vous n’avez pas connu sa présence” et il faisait le parallèle avec le Moi intérieur ou l’âme et supposait en d’autres termes que le vide n’est qu’un canal qui tend à rendre possible la communication avec votre vrai Moi.

Autrement dit, ce n’est pas quelque chose qui vous manque, ce n’est pas parce que vous avez un problème que vous ressentez cela. C’est simplement que vous êtes déconnectée de votre Moi profond qui cherche pourtant à communiquer avec vous. La prochaine fois que vous ressentez ce vide en vous, ce que suggère Franck Lopvet, au lieu de vous tourner vers la plaquette de chocolat ou toute autre addiction, c’est de voir où le vide peut vous mener. Qu’est-ce que vous êtes sur le point de découvrir à propos de vous-même en expérimentant le voyage à travers le vide ? On refuse de le vivre parce que c’est terrifiant et inconfortable ! Peut-être qu’au-delà de la peur du vide se cachent des potentialités incroyables prêtes à être révélées. Et cette vision-là me parle énormément et m’aide à considérer le vide autrement, pour le vivre autrement lorsque je le ressens. C’est vraiment puissant.

D’ailleurs, c’est un peu l’état qu’on cherche à atteindre en méditation. Quand on dit faire le vide en soi, je pense qu’il s’agit d’accepter de laisser venir le vide en soi, de s’en imprégner et d’observer ce qui en découle, sans analyse ni jugement. Ce qui nous empêche de méditer, c’est parce qu’on remplit notre cerveau de pensées pour ne pas ressentir le vide. Et ce n’est pas évident, je ne dis pas le contraire ! Là, c’est la répétition qui fait son œuvre par vos pratiques quotidiennes.

Voilà ce qui me tenait à cœur de vous dire dans cet article. J’espère qu’il vous a plu. N’hésitez pas à le partager autour de vous si vous pensez qu’il peut aider votre entourage. Quant à moi, je vous retrouve bientôt. Je vous dis à très vite, prenez soin de vous.

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Claire Poncet

Diététicienne-nutritionniste, professeure de yoga et créatrice de contenus digitaux, je vous accompagne vers une relation plus saine et sereine avec votre corps.